Des mots précaires

         La précarité se présente comme une pyramide en spirale avec la base inversée.

     La précarité est une très forte incertitude quant aux chances de pouvoir récupérer ou conserver une situation acceptable dans un avenir proche.  C'est une notion fortement subjective et relative.  Que ça veut dire une " situation acceptable " ? 

         Ainsi, selon la situation, plein emploi ou non, selon le code du travail en vigueur, mais aussi selon le type de société, de modèle social ou de culture la notion de précarité sera différente.

         Une certaine aversion au risque et une résistance au changement sont souvent désignés comme étant à l'origine de la précarité, tout comme ils peuvent l'être du principe de précaution, installé au sommet de la hiérarchie de la norme juridique, par son introduction, en 2005, dans le préambule de la Constitution française.

         À l'inverse, cette place donnée au thème de la précarité peut aussi s'inscrire dans la tradition humaniste française qui entend défendre des conditions de vie satisfaisantes, humaines plutôt qu'économiques.

         Parmi les précarités nous pouvons citer la précarité relationnelle qu’est un état d'instabilité des relations, entre individus, au sein de la société, se traduisant par un appauvrissement des interactions sociales, voire à l'isolement social.

         La précarité peut être à l’intérieur de la famille.  La cellule familiale, pilier de la société dans la plupart des traditions religieuses du monde (judéo-chrétiennes, musulmanes, etc.), est aujourd'hui questionnée par les nouveaux modes de vies induites dans les sociétés occidentales.  La disparition progressive des contraintes culturelles, religieuses, et morales, a redéfini le sens de la cellule familiale.

        

 

 

 

Plusieurs points expliquent cette nouvelle distance relationnelle :

  • l’augmentation des divorces ;
  • l'augmentation du nombre de familles monoparentales ;
  • l'éloignement entre les individus d'une même famille (soit intergénérationnelle avec le développement des maisons de retraites, soit au sein des couples (métiers nécessitants de fréquents déplacements éloignant le couple) ;
  • ou encore l'éloignement imposé par la scolarité (surtout pour les études supérieures).

     De la précarité dans la famille nous arrivons à la précarité entre individus :  le déclin du respect de la parole donnée ?

         Selon la Wikipédia, la société paysanne du début du XXe siècle était notamment marquée par deux phénomènes :

  • peu de différences sociales entre les individus ;
  • une exigence de solidarité entre paysans, marqué par les exigences du climat (période des vendanges, moissons, hiver).  Ces périodes demandaient une collaboration entre les individus, et donc des liens affectifs, et des notions morales comme le respect de la parole donnée.

         Actuellement, la diversification importante des activités industrielles, commerciales et tertiaires, a changé la société.  Le travail en commun est différent, les différences sociales ont évolué, la société n'est plus conditionnée par le climat, et même de moins en moins par l'alternance jour-nuit.  L'attachement à un lieu géographique s'est réduit et il est devenu rare qu'une personne ne déménage qu'une seule fois de sa vie.  Ces nouvelles données entraînent une certaine précarité des relations humaines.

Effets de la précarité

         On prête à la précarité de nombreux effets négatifs, pouvant avoir un impact global sur le lien social, encore selon Wikipédia :

  • les urbains, par exemple, qui n'ont pas accès à la location, pour des raisons financières, ou liées à des différences culturelles entre bailleurs et locataires, sont souvent réduits à trouver des logements alternatifs, temporaires, parfois peu salubres ;
  • l’accélération des changements urbanistiques (plus de pollution, moins espaces verts, espaces habitables plus chers et plus petits) ; 
  • dégradation des conditions de travail (un travailleur en situation précaire n'est pas en position de force pour défendre ses droits) ;
  • difficultés à développer une vie sociale (quitter le domicile parental, fonder une famille...) ;
  • révolte sociale (les salariés en situation précaire votent plus facilement pour des partis extrémistes) ;
  • dégradation de la santé physique ou mentale des populations atteintes de dégradation économique de leur budget.

         Des études américaines, ont établi que les facteurs suivants sont la cause de la précarité, ce sont des facteurs non matériaux de péril pour la santé :

  • l'absence d'estime de soi ;
  • le sentiment de dévalorisation personnelle ;
  • le manque d'autonomie dans son travail ;
  • le sentiment de ne pas utiliser toutes ses compétences ;
  • le sentiment de ne pas recevoir l'estime que l'on pense mériter.

         L'expression ‘travailleurs pauvres’ (working poor) s'utilise pour décrire des personnes, des familles qui ont un emploi, souvent endettés, mais qui demeurent dans la pauvreté, à cause de la faiblesse de leurs salaires.

         Les travailleurs sans qualifications ont souvent des salaires bas, des conditions de travail pénibles, et ont peu d'opportunités de recevoir des formations qui leur permettraient de sortir de leur situation.  Souvent, ils n'ont pas de temps libre pour se former, ni le loisir d'aller dans des bibliothèques ou suivre des études, et peu de chance d'obtenir des bourses d'études.  Ainsi, contrastant avec l'idée commune d'un travail qui élève la personne, le travailleur pauvre n'a que peu de chance d'accéder à une promotion sociale.

         En 2004, l'essentiel des travailleurs pauvres dans les pays occidentaux occupaient des postes non-qualifiés ou peu-qualifiés.  Dans de nombreux cas, ils ont des emplois partiels, qui requièrent tout leur temps, mais n'ont pas les avantages d'un contrat stable (CDI), ouvrant droit à l'Assurance Chômage (Assedic).  C'est aussi le cas des personnes payés "au noir" comme les migrants en voie de régularisation ou les étrangers clandestins.  Ce type de poste peut être qualifié d'emploi précaire ou d'emploi atypique.

         Les travailleurs pauvres vivent souvent au jour le jour, et les coûts inhabituels comme les coûts de santé, les frais scolaires, ou les loyers peuvent amener rapidement à la misère, avec des difficultés alimentaires directes.  Les familles mono-parentales sont particulièrement exposées, l'accès au crédit banquier empire souvent les choses.

         En France, en 2006, le nombre de travailleurs pauvres a été estimé à 7 millions par le journaliste Jacques Cotta en son livre :  7 millions de travailleurs pauvres - La face cachée des temps modernes, Fayard, 2006.

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